Résumé :
Quel sens revêt l’avènement de la démocratie, faisant triompher l’idéologie du peuple souverain ? Vient-il consacrer la puissance de l’État en lui apportant sa légitimation ? Ou introduit-il la légitimité d’un contre-pouvoir qui vise précisément à empêcher l’unification dans l’État souverain des forces actives d’une nation, intégrées au système de la compétence, à dissocier ainsi LES pouvoirs, à les limiter, c’est-à-dire à les contrôler.
Le sens de la démocratie est l’enjeu d’une prise de conscience des droits du citoyen, droit à la différence et à la résistance dans les espaces non unifiables d’obéissance.
Le philosophe Alain (1868–1951), expose ici sa thèse sur les défauts inhérents à toute organisation politique. En effet, il affirme le caractère forcément oligarchique de la démocratie et la propension naturelle de ses dirigeants à outrepasser leurs pouvoirs. Il tente d’en tirer les conclusions qui s’imposent en conseillant aux citoyens d’obéir à l’Etat sans le respecter et sans éprouver d’admiration envers leurs dirigeants.
Alain nous propose des éléments d’une doctrine à l’usage des simples citoyens, des “soldats” selon sa propre expression, en dénonçant les excès de pouvoir de l’Etat et de ses représentants, élus ou non. Cet ouvrage est en fait un recueil de propos assemblés de façon thématique. Alain justifie cette forme d’écriture en rappelant que le caractère incisif, court, animé d’une suite de propos, marque plus qu’un ouvrage bien ordonné, même si la lecture peut paraître au premier abord déroutante. Au-delà de ses boutades, la forme des propos est révélatrice du fond de sa doctrine puis qu’elle se veut abordable, facilement lisible pour un lecteur non initié, faite pour les citoyens et non pour les experts.
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